Colloque du SMICVAL sur l'EFC - avril 2025

L'économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) : Une clé de développement plus soutenable pour les territoires

Afin de réduire nos déchets, il faut s’attaquer aux causes, nous le savons. Arrêter le jetable est l'un des moyens les plus cités et visibles pour les usagers, mais loin d’être suffisant : l’alarme est régulièrement sonnée sur l’ampleur des défis sociaux, environnementaux, économiques qui nous attendent.

Passer d'une économie d'objet à une économie d'usage se présente comme une solution viable et durable. C'est le sujet de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) et donc, du colloque organisé par le Syndicat Intercommunal de Collecte et de Valorisation des déchets du Libournais Haute-Gironde (SMICVAL) en avril.

L'EFC est une manière de penser autrement les systèmes de production et de consommation, faisant intervenir des acteurs du territoire afin de maintenir une économie locale dynamique et autonome tout en réduisant la consommation de biens et de ressources. C'est par exemple partager l'usage d'un outil, le faire réparer localement plutôt que de le remplacer et le jeter.

"(...) [L]e concept de l’EFC repose sur la mise à disposition d’un usage plutôt que la possession d’un bien. Autrement dit, il ne s’agit plus d’acheter un bien et d’être propriétaire de ce bien, mais de payer un service qui est rendu à l’aide du bien en question." Définition de Notre Environnement.

La journée du SMICVAL s'articulait sur des retours d'expériences et des analyses économiques de la notion. Olivier Blandin, économique et fondateur d'Atemis, a présenté les dynamiques de l'EFC en l'imageant telle une boite à outils soutenant les dynamiques de transition (sociale, écologique) afin de sortir des dynamiques linéaires héritées du 19e siècle qui portent sur une logique volumique et extrêmement structurée.

Pourquoi l’EFC est-elle pertinents à l’échelle d’un territoire ?

En effet, la production depuis le 19e siècle par secteurs d’activités a entrainé un cloisonnement des industries et des métiers, complètement déconnectés de leur environnement, à plus forte raison lorsque ces industries sont délocalisées.

Ces modes de production aujourd'hui largement identifiés comme destructeurs s'adaptent difficilement voire ne s'adaptent pas aux enjeux de transition. À l'inverse, organiser des activités de manière complémentaire au niveau local est pertinent à de nombreux égards. L'EFC ne peut en effet se construire qu'au niveau local, en intelligence collective. Par exemple, à Rouen, le programme “Bien manger pour mon bébé" animé par Le Champ des Possibles, en partenariat avec la Métropole Rouen Normandie et accompagné par le dispositif Coop'Ter de l'Ademe, propose des ateliers autour de l’alimentation en réunissant futurs parents, agriculteurs et prescripteurs médicaux.

À Saint-Nazaire, l'association baObab, présentée par Emmanuel Nicoleau, sensibilise et met en relation les acteurs du territoire afin de créer des projets locaux uniques qui deviennent des exemples d'écosystèmes de mutualisation. L'exemple présenté est très parlant : une idée de produit d'entretien réalisé à partir des déchets alimentaires d'un hôtel, récupérés en circuit court par d'autres acteurs, utiliser la chaleur résiduelle du four du boulanger, qui finalement fait se rencontrer des acteurs économiques et les sensibilise à l'économie circulaire. Le modèle financier fonctionne, permet de conserver des emplois et d'inclure des personnes éloignées de l'emploi.

• Feuille de route Nouvelle-Aquitaine

Sébastien Grall, chargé projet EFC à l'Agence de développement et d'innovation de la Nouvelle-Aquitaine (ADI), présente les actions de sensibilisations menées sur la région.

À retenir :

• Le webinaire Voies de pionniers qui tous les mois donne parole à un acteur économique
• Ressources en ligne sur Recita
• Les Universités de l'EFC les 20 et 21 novembre à Bordeaux

• Comment l’EFC et l’économie du partage peuvent nous aider à repenser les logiques d’usage ?

Oriane Puechal et Catherine Mechkour Di Maria présentent l'étude EFC menée par le Réseau national des Ressourceries et Recycleries pour le Smicval.

2 volets sont sortis de l'étude :

• Sensibiliser la démarche/influencer les pratiques
• Construire une démarche de réparation

Un 3e volet, celui de la durabilité, a émergé : comment on prolonge la durée de vie d'un objet, comment devient-il précieux ?

Dans le cadre de l'étude, des initiatives innovantes de territoire ont été identifiées comme adaptables par le Smicval. Certaines pistes ont été retenues et vont être déployées petit à petit comme la mutualisation d’objets et les ateliers de réparation en collège.

La mise en place du Comptoir Repar à Vayres s'inscrit dans la même dynamique et dans un constat plus général : réparer son objet, ou plutôt l'usage de son objet, fait plaisir et permet de s'y attacher plutôt que de le jeter, selon une étude récente de l'Ademe. L'intérêt économique est bien évidemment pris en compte.

Un autre constat est souligné : si la société civile est proactive pour initier des projets, les pouvoirs publics sont plus lents et font souvent obstacle à l'EFC, le modèle économique global étant difficile à appréhender. Pourquoi ? Parce que la valeur des objets est basée sur leur valeur marchande, et non leur valeur d'usage, ou encore leurs liens avec des valeurs humaines.

Atelier Fresque de la transition économique

Et pour terminer le colloque, l'équipe de ReNAITRe a participé à la fresque de la transition économie, menée par l'ADI. Un atelier qui mettait en opposition acteurs de l'économie traditionnelle et de l'EFC.